Le veuvage précoce : se reconstruire après la mort de son conjoint

Comment se faire aider après la mort de son conjoint ?
« Il est important de se faire aider pendant la période de deuil car ne pas pouvoir en parler ajoute au traumatisme. Il faut pouvoir en parler à quelqu’un capable d’entendre la personne dans sa répétition sans se sentir obligé de donner des conseils. En premier lieu, on se tourne vers ses amis ou sa famille mais ils peuvent être maladroits et pas assez forts pour entendre toujours le même discours. Il faut bien comprendre que la personne endeuillée ne peut pas passer à autre chose pendant des mois… C’est pourquoi consulter un psy, même pour quelques séances, peut être utile pour décharger sa douleur. »

Quand on est un jeune veuf, on doit souvent aborder le problème avec ses enfants. Comment faire ?
« Il est très important de parler aux enfants. Ils comprennent tout, il ne faut surtout pas leur cacher quoi que ce soit. Il faut même pleurer avec eux au besoin.
Il est très important de tranquilliser les enfants. Quand ils perdent un de leurs parents, ils ont souvent peur de perdre l’autre. Rassurez-les afin de calmer leur angoisses.
A l’adolescence, la situation est plus difficile car il y a beaucoup de révolte. Le mieux est d’encourager l’ adolescent à consulter un thérapeute afin de pouvoir « tout balancer ». »

Comment déculpabiliser une personne dont le conjoint s’est suicidé ?
« Quand une personne suicidaire passe à l’acte, il s’agit d’une personne avec une fragilité psychique voire psychiatrique. Si elle met fin à ses jours, c’est qu’elle souffre trop. On n’y peut rien. C’est comme ça. Le suicide n’est pas dirigé contre l’entourage mais contre la personne elle-même. Il est important de déculpabiliser la personne survivante en lui expliquant qu’elle n’y peut rien. Il faut accepter son impuissance car même avec tout l’amour du monde, certaines personnes n’ont pas goût à la vie. »

Il y a 6 fois plus de veuves que de veufs. Les hommes réagissent-ils différemment à cette épreuve ?
« Les femmes parviennent mieux à faire leur deuil. Elles osent plus parler, elles pleurent plus facilement… Culturellement, les hommes ont moins de facilité à exprimer leur détresse mais on remarque quand même qu’ils s’ouvrent de plus en plus.
Les hommes peuvent se mettre à sangloter quand ils doivent recoudre un bouton. C’est dans les tâches du quotidien que la solitude leur pèsent le plus. C’est aussi pour ça qu’ils se remettent plus facilement avec une nouvelle partenaire. Ils sont prêts à faire moins de concessions pour ne pas se retrouver seuls. Ils ont besoin d’une présence, pratiquement d’une seconde mère… »

Les jeunes veufs ont-ils des difficultés supplémentaires à surmonter ?
« Le jeune veuf ressent une sorte de culpabilité quand il sort de la période de deuil. Il a peur d’oublier son conjoint décédé s’il rencontre quelqu’un. Il a presque peur d’être renégat envers lui-même. Le psychologue comme l’entourage doit alors lui faire comprendre qu’il doit continuer à être vivant. On n’oublie jamais une histoire. La prochaine ressemblera à autre chose.
La personne veuve a aussi peur de souffrir à nouveau. Elle ne veut alors pas prendre le risque de re-aimer. Mais vivre, c’est aussi souffrir. »

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